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28/2/2019 - Hareth Boustany : Ma fierté ? Avoir sauvegardé les trésors du musée national durant la guerre

 

 

Ancien directeur des fouilles du centre-ville de Beyrouth, ancien conservateur en chef des musées nationaux, professeur émérite d’archéologie et d’histoire, et maître de thèses à l’école doctorale de l’Université libanaise, Hareth Boustany est l’auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages en français et en arabe sur l’histoire du Liban et des peuples du Proche-Orient. Fondateur et directeur du musée archéologique de l’Université libanaise, il a également donné de nombreuses conférences en Europe et dans les pays de la région, la dernière en mai 2018 au Collège de France. Cet érudit qui maîtrise sept langues (arabe, français, anglais, mais aussi latin, grec ancien, syriaque et phénicien), mis à part ses notions d’allemand, d’italien et d’espagnol, regrette de n’avoir pu apprendre le polonais et le russe, « pour déchiffrer d’autres textes historiques ». Entrevue avec ce descendant revendiqué des Phéniciens et fier fils de Fouad Ephrem Boustany, qui lui a légué sa passion pour l’histoire.

 

Votre dernier ouvrage, « Deir el-Qamar, cité de culture, d’art et d’histoire », est une nouvelle preuve de votre attachement à votre localité de naissance. Est-ce là que vous avez grandi ?

Je suis né à Deir el-Qamar en 1944. J’ai grandi à Beyrouth, où j’étais scolarisé chez les jésuites. Mais nous passions chaque année 100 jours en été à Deir el-Qamar. Du 29 juin au 4 octobre très précisément. À l’époque, la cité grouillait d’estivants. La vie sociale battait son plein, les amis étaient tous là, nous allions à la chasse. Il y avait deux boîtes de nuit qui ne désemplissaient pas. Tout cela a changé. Avec le nouveau rythme de vie et la rentrée des classes en septembre, les longues villégiatures d’été ne sont plus de mise. Mais moi, je continue de passer cinq mois pleins à Deir el-Qamar. J’y fais toujours de longues marches, fusil à l’épaule, mais seulement pour me protéger des vipères. J’ai arrêté de chasser depuis la guerre.

 

Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance ?

D’abord ma très grande proximité avec mon père. Dès l’âge de 10 ou 11 ans, je me faufilais dans ses réunions avec ses collègues et amis, et je restais, assis dans un coin, à les écouter deviser. Je me souviens avoir voulu un jour intervenir lors d’une discussion avec les poètes Saïd Akl, Joseph Noujeim et Youssef Ghoussoub. Je devais avoir 14 ans. Mon père m’a lancé un regard sévère et m’a fait signe de me taire. Une fois ses invités partis, il m’a expliqué sa réaction en me disant : « Pour pouvoir parler, il faut savoir écouter. Maintenant, tu dois apprendre à écouter pour que tu puisses, plus tard, parler juste. » De mon enfance et ma prime jeunesse, je garde le souvenir de nombreux moments partagés avec lui. Il m’associait à son travail et me demandait souvent mon avis. Il me disait : « Plus tu avances dans les sciences et la connaissance, plus tu deviens modeste ».

J’ai gardé aussi le souvenir de mes rencontres, au cours de mes années d’internat à Jamhour, avec ceux qui allaient devenir mes amis à vie, comme Alexandre Samaha ou le professeur de droit constitutionnel Maroun Yazbeck, le grand bibliophile et ex-ambassadeur Samir Moubarak ou encore le patriarche Béchara Raï.

 

Quelle influence a eu votre père sur votre choix professionnel ?

La grande admiration que je portais à mon père a sans doute nourri mon désir d’être historien et archéologue. De ses sept enfants, je suis le seul à avoir choisi le même domaine professionnel que lui et à avoir collaboré avec lui. Pour la petite anecdote, lorsque j’ai eu mon bac, mon père m’a proposé de m’assurer une bourse pour aller étudier en France. J’ai refusé et insisté pour intégrer l’Université libanaise dont il était le fondateur et le recteur de 1953 à 1970. Il m’a répondu : « Je n’en attendais pas moins de toi. »

J’ai donc obtenu une licence et une maîtrise en archéologie à l’Université libanaise, avant de poursuivre par un doctorat sur « La représentation de l’individu dans l’art phénicien », à la Sorbonne, à Paris, où je suis resté de 1966 à 1969.

 

Vous étiez donc en France en mai 68. Avez-vous participé au mouvement estudiantin ?

J’ai vécu mai 68 en tant qu’observateur. Mais je n’ai pas voulu prendre part aux manifestations, considérant que j’étais à Paris pour étudier et obtenir mon diplôme de l’État français. D’ailleurs, j’ai persuadé mes camarades du Foyer libanais de ne pas y participer non plus. Et ceux d’entre eux qui faisaient des études de médecine de se porter volontaires auprès de la Croix-Rouge pour soigner les blessés. Ce qui m’a valu, quelques mois plus tard, une offre de naturalisation de l’État français. J’ai décliné poliment la proposition et suis rentré au Liban.

 

Quelles ont été les grandes étapes de votre carrière ?

En octobre 1969, après ma soutenance de thèse de doctorat à la Sorbonne, je rentre au Liban à l’appel de mon père, qui m’offrait mon premier poste de professeur à la faculté d’information qu’il venait d’instituer au sein de l’Université libanaise. Pour cela, j’ai dû abandonner – à mon grand regret et à un an du diplôme – les cours de l’école des chartes, une prestigieuse institution qui forme les grands archivistes et bibliothécaires, que je suivais parallèlement à mon doctorat. C’est ainsi que j’ai commencé à enseigner, à 25 ans, l’histoire des civilisations anciennes. En 1970, on me nomme conservateur en chef des musées nationaux au sein de la Direction générale des antiquités. J’ai occupé ce poste jusqu’en 1979, lorsque Boutros Dib, ancien ambassadeur à Paris qui venait d’être nommé recteur de l’UL, me sollicite pour la section archéologie. « On a besoin de toi à l’université », m’a-t-il dit. J’ai aussitôt démissionné pour me consacrer à l’enseignement. Jusqu’en 2014, j’ai donné plusieurs cours (histoire ancienne et archéologie, histoire des arts occidentaux, histoire de l’art dans les civilisations musulmanes, méthodologie de l’archéologie, muséologie…) dans les diverses facultés de l’Université libanaise (celles des lettres, des beaux-arts, de journalisme, pédagogique…), où on m’avait d’ailleurs surnommé le Joker. J’ai aussi enseigné quelques années à l’Université Saint-Joseph et à l’USEK. Et en parallèle, en 1992, j’ai été nommé par Michel Eddé, le ministre de la Culture de l’époque, et à la demande de Rafic Hariri, directeur des fouilles de Beyrouth. Un poste que j’ai occupé jusqu’en 2000. Enfin, depuis 2014, je suis maître de thèses à l’école doctorale de l’Université libanaise. Voilà, je fêterai donc, cette année, mon jubilé d’or dans l’enseignement.

 

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?

Sans hésiter, celle d’avoir contribué à sauvegarder, durant la guerre, les trésors du musée national. En juin 1975, lors d’une rencontre avec le président Camille Chamoun, celui-ci me confie que les événements étaient partis pour durer des dizaines d’années. Sur-le-champ, je me rends chez l’émir Maurice Chéhab, le directeur général de la DGA, en lui disant : « Je sais, de source bien informée, que cette guerre va durer longtemps. Il faudrait sécuriser les collections du musée. » Il m’a donné son feu vert pour le faire. C’est ainsi qu’accompagné de deux ouvriers – qui m’aidaient pour les fouilles à Tyr et en qui j’avais une totale confiance–, de mon assistante et de l’épouse de l’émir Maurice, nous avons coulé dans des chapes de béton, au sous-sol du musée, les pièces trop lourdes à transporter, comme certains bas-reliefs, sculptures et mosaïques. Et notamment les magnifiques sarcophages de la collection Ford.

Nous avons tous juré sur le Coran et sur la Bible que seules deux personnes, mis à part nous, seraient au courant de la cachette : le président de la République et le commandant en chef de l’armée. Très peu de personnes savent que c’est moi qui ai été à l’origine de cette initiative.

 

Le moment le plus émouvant de votre vie ?

Il y en a plus d’un. D’abord, ma rencontre avec ma femme, Yolla. Ensuite, la naissance de mes deux fils, Mazen et Iyad. Et puis, dans un tout autre registre, lorsqu’en 1982, accompagnant, à la demande de cheikh Bachir Gemayel, les militaires israéliens qui voulaient déloger les soldats syriens et les combattants palestiniens du musée national, j’ai pu m’assurer que les objets emmurés n’avaient pas été trouvés. Bien que j’ai été blessé par des éclats d’obus ce jour-là, j’étais euphorique. C’était un grand moment d’émotion.

 

Votre souvenir le plus douloureux ?

En 1991, lorsque j’ai lu dans le quotidien an-Nahar une tribune de Sélim el-Hoss m’accusant d’avoir volé les pièces du musée national et de les avoir vendues. J’ai voulu lui intenter un procès. J’ai demandé à mon cousin, l’avocat Nagi Boustany, de s’en charger. Mais comme je ne pouvais pas encore révéler où étaient les artefacts soi-disant volés, nous avons abandonné l’idée. J’ai dû vivre avec cette accusation durant trois ans, avant que la vérité ne soit enfin rétablie en 1994 lors de la réouverture du musée national. C’est pourquoi j’en veux toujours énormément à l’ancien Premier ministre.

 

Quelles ont été les rencontres fondamentales durant votre parcours ?

Mis à part mon père, il y a eu beaucoup de rencontres importantes durant mon parcours. Toutes les personnes que j’ai déjà citées. Mais aussi Pierre de Margne, qui était le directeur de l’Institut d’art et d’archéologie à Paris. C’était un grand helléniste et, à ce titre, il a tenté, en vain, de m’orienter vers un doctorat sur la Grèce antique. Moi, je tenais à me spécialiser dans l’étude des Phéniciens. C’est là qu’il m’a dit : « Votre père, Monsieur Boustany, ne vous a pas dit qu’un historien ne peut jamais être totalement impartial ? » Cette phrase m’a marqué. Il y a également Gilbert-Charles Picard, mon directeur de thèse, qui m’a appris ce que c’est qu’être un homme de sciences et un homme modeste. Et puis Sabatino Moscati, le plus grand spécialiste des Phéniciens d’Occident. Il prétendait que les Phéniciens faisaient des sacrifices d’enfants, thèse que j’ai toujours réfutée et dont il a fini par reconnaître, des années plus tard, l’invalidité. Il m’a alors invité à la grande exposition sur les Phéniciens qui s’est tenue au Palazzo Grassi à Venise pour claironner devant toute l’assistance : « Vous aviez raison mon cher collègue »

 

Quel est le personnage historique que vous admirez le plus ?

Fakhreddine II le grand, sans hésiter. Je lui ai d’ailleurs consacré un livre. À mes yeux, il représente la quintessence de l’homme d’État. Il était doté d’une grande intelligence et d’un esprit ouvert. Il savait nommer la bonne personne à la bonne place : il a envoyé un cheikh chiite comme ambassadeur en Iran, un évêque maronite auprès du Vatican et un cheikh sunnite chez les Turcs. C’est lui qui a établi les bases du Liban. Il en a même élargi les frontières. Son Liban faisait 20 000 km2 : il s’étendait d’Alep jusqu’en Galilée. Il s’est exilé cinq ans en Sicile pour éviter un massacre à son peuple.

Il en a d’ailleurs ramené deux trésoriers juifs, l’un pour gérer sa propre fortune et le second pour gérer les rentrées de l’État.

Il ne faisait pas l’amalgame entre sa poche et celle de l’État. Il est, à mes yeux, le dirigeant qui a fondé, au Liban, le sens de l’indépendance et celui de la liberté de pensée et de croyance.

 

Auriez-vous aimé vivre à une autre époque ?

Non, je suis très content de vivre aujourd’hui. Parce que de là où je suis, je peux observer toutes les époques passées.

 

À quoi sert l’histoire, finalement ?

« Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens. » C’est à cela que sert l’histoire.

 

Vous, dont la vocation est la préservation de l’histoire et du patrimoine libanais, qu’éprouvez-vous face à sa déperdition ?

Je suis catastrophé. Il n’y a pas de poigne, pas de résistance face aux abus qui sont commis, notamment au niveau du patrimoine architectural de Beyrouth. Il faut se battre. La fondation de la famille Boustany s’est, par exemple, beaucoup battue pour préserver le bâtiment de l’école nationale de mouallem Boutros el-Boustany, la toute première institution scolaire du Liban, que mon arrière-grand-père avait fondée dans les années 1860 à Zokak el-Blatt et que la municipalité de Beyrouth voulait détruire. Heureusement qu’en montagne et en dehors de la capitale, la préservation du patrimoine ancien est plus sérieuse. Deir el-Qamar en est une des plus belles preuves.

 

Quelle est la vérité historique que vous voulez rétablir ?

Je collabore en ce moment avec le Dr Pierre Zallouaa, le généticien qui prépare un ouvrage sur l’ADN du peuple libanais. Ses recherches concordent avec les thèses que j’ai toujours soutenues : celle d’un même peuple existant au Liban depuis des millénaires dont descendent les Libanais d’aujourd’hui, de toutes les communautés. Avec, chez les sunnites, une petite greffe d’Arabie ; chez les chiites, une petite greffe de Perse ; chez les maronites, une petite greffe syriaque et croisée (qui existe aussi chez les chiites)… Et ce peuple libanais est totalement indépendant de celui de la Syrie voisine.

 

Qu’est-ce qui vous attriste ou vous met en colère aujourd’hui ?

La manière dont on gère le pays. Et la régression de sa culture.

 

Quelle est votre plus grande peur ?

Que la guerre éclate à nouveau.

 

Qu’est-ce qui vous donne de l’espoir?

La pérennité du Liban. Ce pays ne disparaîtra jamais parce que c’est lui qui a donné son nom au peuple et pas le contraire. Les Francs ont donné la France, les Germains la Germanie, les Anglo-Saxons l’Angleterre, mais c’est le Liban qui a donné les Libanais.

 

Quelle est la place du spirituel dans votre vie ?

Je ne suis pas bigot, mais je crois en Dieu. Je pratique quand je peux et j’essaie d’appliquer les règles d’éthique et de morale chrétiennes.

 

Votre devise ?

« Quand on est grand, on est modeste »

 

Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de vous ?

Ce que vous allez écrire dans votre article.

 

Source : L’Orient Le Jour

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