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19/11/2020 - Passionnés de culture, des étudiants transforment ruines et souvenirs en vie et espoir

Une équipe composée d’enseignants et d’étudiants de l’Université libanaise a pu sauver plus d’un millier d’objets d’art provenant de demeures anciennes endommagées par la double explosion du 4 août.

 

OLJ / Par Nour KREIDY, le 19 novembre 2020 à 00h00

 

Les étudiants affirment avoir vécu une expérience humaine incomparable. Crédit photo Nada Kallas

 

Afin de préserver la mémoire et l’héritage des Beyrouthins, des professeurs et des étudiants de la faculté des lettres et des sciences humaines ainsi que de celle des beaux-arts de l’Université libanaise réalisent une mission de sauvetage du patrimoine mobilier de Beyrouth, endommagé à la suite de la double explosion du 4 août. Un projet lancé par trois spécialistes dans la conservation du patrimoine : Grace Homsy, chef du département des arts et archéologie à la faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université libanaise (UL), section II, Nada Kallas, enseignante en muséologie et en matière de conservation à la même faculté, et Marie Lamah, archéologue muséologue. « L’idée est venue alors qu’on aidait entre amis et collègues au nettoyage des débris sur le terrain, juste après l’explosion. À un moment donné, on s’est rendu compte que les maisons et les lieux de culte dans lesquels on entrait contenaient des objets de grande valeur historique et artistique. Certains propriétaires possédaient même des collections archéologiques et des peintures de maîtres qui étaient éparpillées par terre dans un état lamentable, sans que personne n’y prête attention ou n’ose y toucher », précise Mme Homsy. Et d’ajouter : « Alors nous avons pensé, pourquoi ne pas mettre notre savoir au service des citoyens ? Et c’est à partir de là que nous avons monté une toute petite équipe qui s’est progressivement élargie. » Ainsi depuis août dernier, l’opération est dirigée par Mme Kallas suivant un plan de travail et une éthique professionnelle, que les étudiants appliquent parfaitement. Pratiquement, l’intervention consiste d’abord en un inventaire des pièces choisies par le propriétaire, une identification et une documentation des biens, s’ensuit le processus du dépoussiérage, nettoyage et emballage, réalisé avec grande précision, en respectant les règles de conservation professionnelle d’artefacts pour la protection contre les intempéries et les polluants, avant toute éventuelle restauration. Ces premiers soins nécessitent néanmoins un équipement spécifique et assez coûteux tel que des pinceaux, du papier-soie, du papier-bulles et du papier kraft. « Quand il s’agit d’une bonne cause, tout devient facile et les difficultés d’ordre matériel sont vite surmontées. Je tiens à remercier l’ONG Biladi concernée par la protection de l’héritage, qui nous a appuyées financièrement avec grande générosité », souligne Mme Kallas.

 

Ce qui distingue ce projet social d’autres qui ont été entrepris à Beyrouth à la suite du drame, c’est qu’il s’agit dans ce cas de spécialistes dans le domaine de la conservation et du patrimoine, non pas de simples volontaires réalisant un travail de bénévolat ordinaire. Crédit photo Nada Kallas

 

Grâce au dévouement des jeunes bénévoles qui travaillent inlassablement jusqu’à vingt heures par semaine, l’équipe a pu sauver plus d’un millier d’objets d’art comme des tableaux et des sculptures datant de la période ottomane, des lustres en cristal de Bohème, des vases en opaline, des objets en bronze et en argent, ainsi que des livres rares et des manuscrits d’origine, provenant de sept demeures anciennes situées dans les quartiers Sursock, Gemmayzé, Mar Mikhaël et Zahret el-Ihsan. « Tout au long de notre mission, j’ai remarqué que les propriétaires ont une grande confiance en l’Université libanaise, et nous ont confié de bonne grâce des objets très chers à leurs yeux. Un des habitants m’a même dit : “Vos étudiants ont des mains en or ! Nous vous sommes tellement reconnaissants…” ; entendre cela fait vraiment chaud au cœur », avoue Mme Kallas.

 

Certes, la discipline et la discrétion sont des qualités requises pour ce genre d’initiatives qui pénètre l’intimité de l’espace privé. Le respect de la vie privée et le sérieux sont primordiaux : interdiction de prendre des photos ou de se promener dans les lieux sans une permission des propriétaires, et les discussions sont reportées pour la pause du midi. Entre ruines et souvenirs, l’endroit se transforme en un atelier paisible où se mêlent passion et culture. « Je suis très fière du travail des étudiants, surtout que c’est la première fois qu’ils mettent en pratique leur savoir-faire dans un contexte si nouveau et à travers un contact humain aussi profond », ajoute Mme Kallas.

 

La discipline et la discrétion sont des qualités requises pour ce genre d’initiatives qui touche l’intimité de l’espace privé. Crédit photo Nada Kallas

 

En effet, ce qui distingue ce projet social d’autres entrepris à Beyrouth à la suite du drame, c’est qu’il s’agit dans ce cas de spécialistes dans le domaine de la conservation et du patrimoine, et non pas de simples volontaires réalisant un travail de bénévolat classique. « C’est rendre une sorte d’hommage à l’héritage culturel libanais et à l’histoire de notre capitale, à travers ses différentes époques. D’où relève la singularité de cette initiative, qui n’a pas été réalisée pour des intérêts individuels, mais plutôt collectifs et même nationaux à mon avis », relève Ali Najem, étudiant en 2e année d’archéologie à la section V de Saïda.

 

Des maisons les plus modestes aux grandes demeures bourgeoises, les jeunes étudiants ont pu tirer plusieurs leçons, telle que la gratitude qu’a ressentie Guilaine Najm, diplômée en licence d’architecture d’intérieur de l’Université libanaise. « Personnellement, j’ai vraiment été impressionnée par l’élégance de l’argenterie et des couverts, qui sont peut-être des objets assez communs, mais qui racontent toute une histoire sur la convivialité du peuple libanais. J’ai senti que ça reflétait la tradition de se réunir autour d’une jolie table, que ce soit durant les fêtes ou pour de simples repas familiaux. Ce sont les seuls souvenirs qui restent des moments de bonheur vécus dans ces maisons. Et s’en occuper demandait vraiment beaucoup de délicatesse et d’attention. Grâce à cette initiative, j’ai appris à profiter de chaque moment et d’être reconnaissante pour les joies les plus simples. »

 

D’autre part, certains étudiants ont affirmé avoir vécu une expérience humaine incomparable. « Partout la même scène misérable qui nous mettait les larmes aux yeux, les mêmes blessures qui n’avaient pas encore cicatrisé. Certaines personnes avaient tout perdu : leur maison, leurs souvenirs et les êtres chers avec qui ils vivaient. Je ne peux pas imaginer à quel point leur douleur est grande… » confie Graziella Nakad, étudiante en master d’archéologie à la section II à Fanar. Malgré ce contexte difficile émotionnellement, la tâche des jeunes étudiants n’a pas pour autant été rendue lourde ou difficile, puisque leur positivité et leur joie de vivre contagieuses se sont automatiquement reflétées chez les propriétaires. « Dans les demeures visitées, nous étions chaleureusement accueillis malgré la tristesse des lieux. Extrêmement sensibles, les habitants nous racontaient leurs histoires et celles de chaque pièce et de chaque détail. Ils avaient besoin d’être entendus, et nous étions toujours prêts à les écouter. C’est ce qui a rendu cette expérience aussi unique et enrichissante tant au niveau professionnel qu’au niveau personnel », souligne Reem Nader, étudiante en master de muséologie à la section II.

 

« L’importance de la conservation du patrimoine mobilier réside dans le fait qu’il s’agit d’une manière de sauvegarder la mémoire », estime Gilbert Nicolas, architecte muséographe en master 2 à la section II. « Comme leur propriétaire, les objets ont une âme : il y a quelqu’un qui les a achetés, qui en a pris soin et qui entretient un rapport émotionnel et affectif avec eux », ajoute-t-il. Dans ce sens, il est indispensable d’essayer de sauver non seulement le bâti et l’espace, mais aussi et surtout leurs constituants complémentaires qui leur donnent toute leur valeur, et sans lesquels une construction est vide de sens et d’identité. Puis il conclut : « Transformer une demeure en musée c’est bien, mais je pense que maintenant plus que jamais, les Libanais veulent voir leurs maisons habitées et transmises de génération en génération. C’est cet attachement aux racines que nous ne devons pas perdre. » Désormais, le plus urgent serait de veiller à ce que les anciennes maisons de Beyrouth ne deviennent pas des lieux touristiques visités occasionnellement, mais qu’elles restent le foyer de la famille libanaise traditionnelle…

 

Source : L’Orient Le Jour

 

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